« Je n’enseignerai pas le bon temps des colonies ! »
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Vous vous souvenez peut-être de ces vieilles photographies en noir et blanc, sur lesquelles Staline avait fait gratter la silhouette de Trotski et de ses anciens compagnons de lutte, pour éliminer tout ce et ceux qui pouvaient flétrir l’histoire officielle ?
Ben, depuis le 23 février 2005, et la loi n°2005-158, article 1 : « La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l’oeuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d’Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française.... » et article 4 « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit... », y a comme des relents malsains...non ?
Ainsi donc, nous, profs d’histoire-géo, sommes sommés d’enseigner à nos chères têtes blondes (et brunes ???...) tous les bienfaits que notre beau pays, « LA Patrie des Droits de l’Homme », oui, oui !, a apporté aux « Africains du Nord »...(surtout à ceux-là, comme on le voit dans l’article 4....on se demanderait presque pourquoi il y a eu une guerre d’indépendance en Algérie...vous savez, celle pendant laquelle l’armée française a pratiqué la torture...) Quel mépris pour les anciens peuples colonisés qui se sont battus pour leur liberté. Quel mépris pour la recherche historique. Quel mépris pour nos élèves, à qui on devrait faire ingurgiter cette ...euh « histoire » ? Qui sera le prochain (lobby ?), dans nos programmes officiels, à être exonéré de ses responsabilités historiques ?
L’Histoire, et notamment celle qu’on enseigne, serait-elle à écrire à l’Assemblée Nationale ? Non, répondent de nombreux historiens, comme Claude Liauzu, Gérard Noiriel ou Pierre Vidal-Naquet, des associations, comme le MRAP ou le Syndicat de la Magistrature, des partis politiques, comme le PCF et des syndicats, dont l’Union syndicale Solidaires (voir les pétitions sur le site de la LDH toulonnaise http://www.ldh-toulon.net/).
Quant aux profs d’histoire-géo, certains ont déjà signé une pétition pour la désobéissance civile ( qui semble devenir incontournable, ces derniers temps), intitulée « je n’enseignerai pas le bon temps des colonies ! » . A vos claviers et vos stylos...