NON à l’immigration jetable. NON à la déshumanisation de la planète.
par
L’Europe et les Etats-Unis concoctent des lois de plus en plus dures contre l’immigration, accusant les immigrés de tous les maux dont souffrent les citoyens du pays afin de parvenir à leurs fins : précariser l’ensemble des salariés.
ETATS UNIS : Le projet de réforme de l’immigration, le « HR4437 » selon Bush :
Cherchant à satisfaire les patrons en leur permettant de conserver une importante réserve de main d’œuvre bon marché et malléable, la loi permettrait en même temps un plus grand contrôle de l’Etat sur les flux migratoires.
La réforme propose de mettre en place un système de « travailleurs-invités »(« guest-workers »), des étrangers qui signeraient un contrat à durée déterminée dans leur pays d’origine, qui viendraient temporairement dans le pays
d’« accueil » afin de pourvoir aux besoins de main-d’œuvre dans les secteurs déficitaires et qui devraient retourner dans leur pays sitôt leur tâche accomplie.
Pas question, bien entendu, de regroupement familial, ni de régularisation et encore moins de naturalisation.
Les sans-papiers actuellement sur le territoire états-unien (ils sont plus de 11 millions !) devraient retourner chez eux pour effectuer une demande de contrat temporaire auprès des ambassades américaines. Les sans-papiers qui resteraient sur le territoire malgré cela s’exposeraient à des peines sévères.
Et ceux qui les aideraient (associations humanitaires, communautés religieuses, agents des services sociaux, etc.) seraient également passibles de sanctions.
Parallèlement, la surveillance aux frontières serait renforcée. Un mur de plus de 1000 km (sur les 3000 km de frontière) serait construit entre le Mexique et les Etats-Unis et surveillé par l’Armée dont les effectifs seraient doublés.
Le projet est actuellement bloqué au sénat où Ted Kennedy (démocrate) et John McCain (républicain) ont présenté un texte de « compromis » (à peine plus généreux) qui a été rejeté par la majorité républicaine.
Les débats sur cette loi ne seront sans doute pas repris avant les élections au Congrès, en Novembre.
La difficulté pour l’administration Bush, c’est de produire un texte qui convienne à son électorat de droite où deux tendances s’opposent radicalement sur cette question.
Et en GRANDE BRETAGNE, me direz-vous ?
D’ici deux ans devrait entrer en vigueur un système d’immigration à points calqué sur le modèle australien qui prévoit d’accueillir les « plus brillants et les meilleurs » en provenance des pays en développement.
Les travailleurs de l’Europe récemment élargie pouvant combler en grande partie la pénurie de main d’œuvre non qualifiée, les portes seront alors fermées aux travailleurs
immigrés non qualifiés des pays en développement hors Union Européenne.
Ce système d’immigration qui comprend cinq catégories attribuerait des points selon certains critères comme le comportement, l’expérience professionnelle, l’âge et
les besoins du marché. Chaque année seront fixés les quotas des besoins en main d’œuvre moyennement ou peu qualifiée.
Les immigrés les plus diplômés seront autorisés à venir avec leur famille et pourront obtenir la citoyenneté britannique plus rapidement qu’actuellement. En revanche,
les travailleurs immigrés peu qualifiés en provenance de pays pauvres (en nombre très limité) ne pourront rester au delà de 12 mois, devront laisser leur famille chez
eux, et leurs salaires pourraient être versés directement sur un compte en banque de leur pays d’origine pour les dissuader de rester à la fin de leur contrat.
Ces exemples sont bien dans la ligne de l’« immigration choisie » de Sarkozy, non ?
LA FRANCE (et bien d’autres pays dits « développés),
qui est en train de se doter d’une nouvelle loi sur l’immigration, est parfaitement en phase, donc, avec les néolibéraux de la planète.
Le Ministre de l’Intérieur prépare depuis des mois le
conditionnement de la population (qui n’a, hélas pas
toujours besoin de cela pour tomber dans ce panneau
grossier) :
D’abord, justifier la fermeture des frontières et les expulsions massives grâce à des amalgames (le Kärcher,
la racaille, le terrorisme islamiste, les jeunes des banlieues, la criminalisation des militants syndicaux ou des manifestants, etc.),
Bien cibler les « ennemis » de la nation et parler d’immigration « subie », c’est à dire fustiger ceux qui sont sur place, entrés clandestinement depuis des années,
souvent, et qui ont désormais leur vie en France, où ils
ont fondé une famille, et qui ne souhaitent pas en partir.
Pour que le système libéral fonctionne à plein, il faut se
débarrasser de ceux-là (susceptibles de s’organiser et
de revendiquer) et les échanger au maximum contre
une main d’œuvre sous contrat à durée limitée (les fameux
« travailleurs-invités, ou « guest-workers » du père Bush ou les travailleurs sous contrat de 12 mois de Tony Blair).
Pour s’en débarrasser, on refuse de les régulariser, les
mettant ainsi en situation précaire et illégale, à la merci
de patrons sans scrupules. On construit des centres de
rétention pour les expulser ensuite pour laisser croire
que le but c’est de stopper l’immigration et le tour est
joué. Avec les clandestins restés sur le territoire, on a
ainsi une armée de sous-prolétaires, un réseau d’esclaves,
qui permettront de faire baisser les salaires et aggraver
les conditions de travail. De plus, sans permis de
travail officiel, ils seront constamment sous la menace
d’être renvoyés sur-le-champ, et expulsés.
On pourra également piocher dans le vivier de travailleurs
au rabais qu’on s’est constitué avec l’Europe élargie.
Les autres catégories de travailleurs, les autochtones,
précarisés eux aussi (grâce aux différents contrats
CDD, CNE, à la réduction des postes de fonctionnaires,
au démantèlement des services publics), seront tirés
vers le bas, pour le plus grand bonheur des patrons, de
leur tiroir-caisse et de celui de leurs actionnaires.
Parallèlement, on donnera la possibilité aux pays pauvres
de nous envoyer les diplômés dont on aura besoin
pour combler les secteurs déficitaires.
Cela n’arrêtera pas pour autant le flot d’immigration de
tous ceux qui chercheront à tout prix à échapper à la
misère ou aux conflits armés dans leur propre pays. Et
cela, ils le savent très bien.
Hypocrisie et cynisme du système capitaliste, qui n’hésite pas à plonger de plus en plus d’êtres humains dans
la misère et le malheur pour le profit d’une minorité sur
la planète et qui répand le racisme et la haine pour arriver à ses fins.
Cependant, les ficelles des néo-libéraux étaient trop
grosses aux Etats-Unis : les immigrés, avec ou sans
papiers (dont une grande majorité sont latinoaméricains)
et leurs sympathisants sont descendus dans la rue par centaines de milliers dans toutes les grandes villes du pays pour protester contre le système des guest-workers et la criminalisation des clandestins.
Les 36 millions d’immigrés, dont plus de 10 millions de sans-papiers, qui vivent et travaillent aux Etats-Unis ont dit à Bush et à sa clique :
Il serait temps que l’Europe des peuples réagisse aussi massivement.