Suppression du samedi matin...
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Lorsque le Ministère de l’Education Nationale, à grand renfort de média, avait annoncé la suppression du samedi matin dans le 1er degré, aucune information n’avait été donnée sur cette nième lubie ministérielle. Aucune explication sur ce que serait la future organisation du temps scolaire des élèves ou du temps de travail des enseignants, si ce n’est l’annonce qu’il s’agira d’une semaine organisée sur 4 jours. Exit donc, le samedi matin. Circulez il n’y a rien à voir... les « experts ministériels » ont décidé pour vous.
Suppression du samedi matin
Actuellement, les enfants ont 26 heures de classe par semaine en moyenne, avec cette mesure, ils passeraient à 24h par semaine. Il s’agit donc, en ce qui concerne les élèves, d’une baisse des horaires d’enseignement. Cette décision correspond à la volonté de Sarkozy
et de Darcos d’abaisser le nombre d’heures travaillées des élèves jugé trop élevé afin de se rapprocher des “standards” européens.
Mais si l’on supprime deux heures hebdomadaires aux élèves, il faudra bien tailler dans les programmes ? Quelles sont les enseignements qui vont donc être supprimées (ou réduits) ? Pas ceux du fameux socle commun
(maths, français, informatique, anglais). Pas le sport, puisque le secrétaire d’Etat aux sports, Bernard Laporte, vient d’annoncer qu’il souhaite une augmentation de 3 à 4 heures hebdomadaires pour cette discipline
(qui est il pour décider de cela ?). Il faudra donc tailler dans les autres matières : histoire, géographie, musique, arts plastiques, cinéma, théâtre... comme toujours, ce sont les matières culturelles qui risquent de faire les frais de cette mesure.
Les deux heures dégagées pour les enseignants, ne leur seront bien sûr pas offertes. Pas question de réduction du temps de travail alors que le monde du travail risque une augmentation généralisée de ce temps de
travail car tout est « la faute aux 35 heures »...
Ces deux heures hebdomadaires seront, selon le ministère, utilisées pour du soutien scolaire. Si cela peut être profitable à quelques enfants, il est illusoire de penser qu’on combattra l’échec scolaire de cette façon. D’autant
que ce fonctionnement risque de stigmatiser les enfants en difficulté qui devront « subir » plus d’école que les autres.
Contexte de casse généralisée du service public de l’éducation
Ce qui fait qu’un enfant n’entre pas dans les apprentissages et/ou se trouve en difficulté importante est complexe. Les difficultés familiales, la misère, l’insécurité permanente sont des facteurs importants sur lesquels l’école n’a que peu de prise. Ou alors, cela renvoie à des compétences d’enseignants spécialisés. Or, aujourd’hui, une partie des postes de ces enseignants est non pourvue ou encore pourvue par des enseignants sans formation spécialisée voire même sans formation
du tout ! Avec ces deux heures dégagées, n’est-ce pas le prétexte pour se passer définitivement de ces enseignants ?
N’oublions pas que cette mesure de suppression du samedi matin arrive après l’annonce de la suppression de 11 200 postes dans l’Education Nationale. Il y aura donc encore moins d’enseignants, et plus d’élèves dans les classes. La maternelle fera aussi, à terme, les frais de ces suppressions de postes, notamment la toute petite section (voir le document d’orientation “pour définir un nouvel horizon pour l’école primaire”).
Ce n’est pas de cette manière que l’on s’attaquera à “l’échec scolaire” alors que l’accueil des deux ans est pourtant reconnu comme bénéfique s’il est fait dans de bonnes conditions matérielles et d’encadrement, surtout pour les enfants les plus en difficulté. Alors que des rapports s’accordent à dire qu’il y a de graves lacunes dans la maîtrise de la langue d’une partie de nos élèves, on les scolarise de plus en plus tard !
Finalement, on peut raisonnablement penser que les premiers bénéficiaires de cette mesure seront les professionnels du tourisme (qui pourront ainsi vendre plus facilement des week-ends) et un certain nombre de parents (surtout ceux qui peuvent se payer des weekends).
Et prend-on en compte le rythme biologique des élèves ?
Ce qui compte pour le gouvernement ce n’est pas de savoir si la suppression du samedi matin est une bonne chose ou non. Comme le dirait n’importe quel député UMP : “on ne fait pas d’idéologie” !
Quant aux conséquences de cette suppression du samedi matin sur l’organisation du travail des enseignants, nous constatons que la charge de travail et les demandes pesant sur les enseignants des écoles (comme des autres également) n’ont cessé de s’alourdir, entraînant
une véritable dégradation des conditions d’exercice d’un métier fortement dévalorisé. Ce temps de travail comporte des obligations (réunions parents, concertations diverses…) qui se rajoutent aux obligations de services réglementaires. L’utilisation des 2 heures du samedi hors les 24 h de “présence élèves” générerait de facto de nouveaux besoins de concertation et une nouvelle augmentation de la charge horaire.
Donc une augmentation du temps de travail, bien sûr sans augmentation du salaire...
Vous avez dit idéologie ???