Base élèves, une seule revendication : le retrait !
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SUD Education Var, comme la fédération des syndicats SUD Education et l’Union syndicale Solidaires ont signé et soutiennent la pétition nationale pour le retrait de Base élèves initiée par le CORRESO (Collectif Rennais de Résistance Sociale). Cette pétition (1) recueille 1000 signatures individuelles par jour depuis son lancement le 22 janvier 2008, ainsi que la signature de presque 200 organisations syndicales et associatives (locales et/ou nationales). Ce succès démontre non seulement que la mobilisation contre Base élèves prend de l’ampleur, mais aussi que la revendication principale n’est plus la vigilance, mais bien la « suppression définitive du système Base élèves et des données déjà collectées ».
Se positionner par rapport à Base élèves.
Si le rôle d’une organisation syndicale consiste à défendre les conditions matérielles et financières des salarié-e-s, il consiste aussi à prendre en compte les objectifs de l’organisation du travail qui leur est proposée. En l’occurrence, il ne s’agit pas de demander des moyens et de pseudo garanties pour mettre en place Base élèves, mais bien de savoir pourquoi il y a Base élèves...
Au delà de la mise en place d’un logiciel identique à toutes les écoles, ce qui pose problème c’est la création d’une base de données avec des informations confidentielles sur les élèves et leur mise en réseau (les données nominatives sont stockées au niveau des Rectorats, et les données anonymisées sur un serveur à Orléans). L’avantage pour l’administration est de pouvoir accéder à toutes les données à tout moment du jour et de la nuit avec ou sans l’aval des équipes pédagogiques... et il suffira d’une décision pour que l’anonymat des données soit levé (ce qui es déjà prévu dans le cadre judiciaire) et que ces données transitent d’une administration à une autre.
Des organisations qui soutiennent ce projet du Ministère, ou qui n’en demandent pas la suspension et encore moins le retrait, expliquent que les garanties nécessaires ont été apportées. De quelles garanties s’agit il ? Bien sûr, les champs les plus dangereux ont été enlevés (nationalité, date d’arrivée en France, données précises sur le suivi RASED...), mais quelle est la garantie réelle qu’ils ne réapparaîtront pas à l’avenir ? Lorsque le système Base élève sera mis en place il sera beaucoup plus dur de lutter contre la réactivation de ces champs ou l’ajout de nouveaux champs...
Sconet : Base élèves dans le 2nd degré.
Lorsque les champs liés à la nationalité ont été « supprimés » de Base élèves, ils n’ont pas été enlevés dans le système Sconet... la logique aurait pourtant voulu que cela soit fait. Et bien non... d’ailleurs ces champs apparaissait bien lorsque les fiches d’inscription au Diplôme National du Brevet (2) ont été éditées.
Régulièrement, de nouveaux champs apparaissent dans Sconet... les utilisateurs l’apprennent en se connectant, par un simple affichage annonçant les nouvelles saisies à effectuer. Dernier ajout en date (fin janvier), le champs « diplôme » : pour chaque élève, il faut lister les diplômes obtenus, Brevet, Bac série L, Bac série S, Licence, Master, Doctorat... Ces derniers « diplômes » listés montrent/prouvent que le système devrait être étendu à l’enseignement supérieur... D’où la question : « jusqu’où iront ils trop loin » dans le fichage des populations ?
L’ajout de champs à saisir se fait sans concertation, sans possibilité de s’y opposer à priori, et en plus, au final augmente la charge de travail des personnes en charge de la saisie... où ça des garanties ???
Le fichage généralisé de la population.
Mais au delà de la question des garanties, il s’agit d’un choix de société qui consiste à accepter ou non le fichage généralisé d’une population donnée, soit les élèves de la maternelle au primaire (Base élèves) et jusqu’à la terminale (Sconet). Au niveau universitaire on vient de voir que cela se prépare. D’ailleurs les étudiants de l’Université du Sud Toulon-Var ne disposent-ils pas déjà de cartes d’étudiants électroniques équipées de la puce Monéo ?
La population adulte est quand à elle déjà largement fichée avec la carte Vitale, les informations liées au numéro de sécurité sociale, les divers fichiers à caractère répressif (fichier ELOI, prélèvements ADN...). Imaginer que les fichiers d’un personne adulte seront plus tard connectés à ses données lorsqu’elle était élève relève t’il de la seule science fiction ?
Le croisement des fichiers.
Constituer des fichiers informatiques c’est rendre leur exploitation beaucoup plus rapide et leur croisement devient très facile. S’opposer au fichage des élèves c’est donc aussi être contre le recoupement des bases de données et le fichage généralisé qui laissent augurer de toutes sortes de traitements automatisés.
N’oublions pas que Base élèves s’inscrit dans la mise en oeuvre de la loi dite de « prévention de la délinquance » qui donne aux maires l’obligation de surveiller les « populations à risques ». Cette loi supprime le secret professionnel et le remplace par le secret partagé... ce qui est bien le cas de Base élèves puisque les maires vont avoir accès à certaines données du fichier.
Dans l’éducation nationale nous sommes des éducateurs, pas des délateurs ! Quelles relations de confiance pourront établir demain les enseignants et les directeurs-trices avec les parents d’élèves en difficulté, si ces derniers apprennent que les données ne sont plus systématiquement réservées à l’école ? Serez vous là pour vérifier les données auxquelles les maires auront effectivement accès lorsque le système sera en place ?
Une rencontre d’organisations syndicales et associatives varoises s’est tenue le 5 février au sujet de Base élèves. Celles qui demandent le retrait de Base élèves, dont SUD Education Var, ont décidé de continuer le travail en commun et préparent un texte qui sera largement diffusé, auprès des enseignants, des parents d’élèves, des mairies.