En direct de l’Université de Toulon et du Var
par

C’est avec un empressement certain que notre université, par l’intermédiaire de son président, met les bouchées doubles pour s’adapter à la loi « LRU », Libertés et Responsabilités des Universités que l’on devrait d’ailleurs plutôt appeler « Libéralisation et Revente des Universités » tant elle prépare la privatisation de notre enseignement supérieur.
Pour rappel, cette loi (n°2007-1199) est l’aboutissement du projet d’« autonomie des universités » transformé en objectifs lors du Conseil Européen de Lisbonne de mars et dont le traité a servi de modèle à celui que vient d’adopter, il y a quelques jours et au mépris de la volonté populaire, les plus libéraux de nos politiques.
Présentée par notre ministre, Valérie Pécresse, elle a été voté le 10 août 2007 en catimini et alors que tout le monde (à part beaucoup de nos che(è)r-e-s député-e-s) était en vacances ! Elle donne pratiquement tout pouvoir au président d’université, reléguant les CS et CEVU au même niveau que la CPE c’est à dire à un simple rôle consultatif et en enlevant une bonne partie de ses pouvoirs au CA.
Rappels des faits
Le 17 décembre 2007 : notre président, n’ayant rencontré, depuis la rentrée universitaire, quasiment aucune opposition, contrairement à beaucoup d’autres université de l’hexagone, convoquait, à 11h00, les élus des trois conseils : CA – Conseil d’Administration, CS – Conseil Scientifique et CEVU – Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire ainsi que les directeurs et les responsables administratifs des composantes afin de présenter, à notre communauté, cette loi.
Il oubliait, entre parenthèses, les élus de la CPE – Commission Paritaire d’Etablissement (commission locale équivalente, pour les personnels non enseignants, aux CTP des niveaux départementaux, académiques et nationaux) ainsi que tous les personnels non élus, enseignants ou non, de notre université, leur avenir au sein du système universitaire ne les intéressant et ne les concernant certainement pas. Il prétendit d’ailleurs qu’il jouait le principe de la démocratie en n’ayant convoqué que les élu-e-s ! Mais SUD Education avait déposé, pour l’occasion, une heure d’information syndicale afin de permettre aux personnels de suivre cette présentation.
Évidemment, et comme il fallait s’en douter, il nous présenta et nous fit présenter cette loi comme positive, en commettant, au passage, quelques erreurs comme, par exemple, celle de parler de diplômes : il ne se rappelait plus que ces derniers, depuis la mise en place du système LMD (Licence – Master – Doctorat) il y a quelques années, n’existent plus et ont été remplacés par des grades qui n’ont plus qu’une valeur locale et non plus nationale (harmonisation européenne qu’ils disaient à l’époque) et instituant, de fait, une classification entre les grandes universités, reconnues, et celles, comme la nôtre, de seconde zone.
Le 29 janvier 2008 : les nouveaux statuts, prétendument conformes à la nouvelle loi, étaient votés.
Les résultats : sur 43 votants : 34 pour la modification des statuts, 5 contres, 3 abstentions et 1 blanc.
Ce nouveau CA se composera de 30 membres : 7 membres élus du collège des professeurs des universités et personnels assimilés, 7 membres élus du collège des autres enseignants-chercheurs et personnels assimilés, 5 membres élus du collège des étudiants et personnes bénéficiant de la formation continue, 3 membres élus du collège des personnels ingénieurs, administratifs, techniques et des bibliothèques et 8 membres pour le collège des personnalités extérieures, nommés par le Président de l’université pour la durée de son mandat.
A noter que, dans ces statuts dictés par la nouvelle loi, 1/10ème seulement des membres sont des personnels IATOSS et 1/6ème sont des étudiants alors que les extérieurs représenteront, eux, plus du 1/4 des membres de ce CA ! Il suffira donc, lors d’un vote, que s’associent 8 autres membres pour qu’ils aient la majorité absolue.
Le 11 Mars 2008 : élections prévues en vue du renouvellement général des trois Conseils. Que va t il se passer ? Toulon se retrouvera t elle, comme dans certaines universités, avec une majorité d’élus opposés à cette LRU ? Il ne faut pas trop se faire d’illusion mais l’avenir nous le dira.
Il aura donc fallu à peine plus de 7 mois, le temps d’une grossesse prématurée, pour accoucher d’une nouvelle organisation de notre université et pour que le premier pas vers la privatisation de notre système d’enseignement supérieur soit allègrement franchi !