Déclaration de Sud Education au CTPM du 21 février 2008
par

Commission Pochard
Derrière l’autonomie pédagogique se profile l’augmentation de la mise en concurrence des établissements. Le tout dans un contexte de remise en cause de la carte scolaire, de renforcement des pouvoirs des chefs d’établissements.
C’est aussi l’annualisation du temps de travail, l’augmentation des obligations de service et la bivalence.
Quant aux salaires : malgré la perte de pouvoir d’achat reconnue, le choix avancé ce sont les heures supplémentaires. Heures supplémentaires qui permettent la suppression des postes.
Plan Banlieue
Parler de donner des moyens aux écoles privées pour qu’elles puissent s’installer en ZEP est une véritable provocation envers les collègues qui bataillent quotidiennement pour faire fonctionner l’école publique dans ces quartiers.
Bac pro
Cette décision, va à l’encontre de tous les rapports de l’Inspection Générale à propos de l’expérimentation du Bac Professionnel en 3 ans (cf. rapport Prat).
Ce projet ignore le profil de la plupart de nos élèves de Lycée Professionnel et de SEP des lycées qui ont besoin d’un cursus de quatre années pour acquérir une formation débouchant sur une qualification reconnue niveau IV.
Cette décision entraînerait la suppression du diplôme BEP (de niveau V) pour la remplacer par une vague certification sans véritable reconnaissance salariale. Elle détournerait de la voie professionnelle un nombre conséquent d’élèves qui réussissent à y obtenir actuellement une qualification.
Ce projet ne s’inscrit pas dans une logique de réussite et de qualification professionnelle mais bien dans la logique ministérielle de réduction massive des postes statutaires. En effet, cette réforme entraînerait à terme la suppression de 25% de postes de PLP à partir de la rentrée 2008. Cela aurait pour conséquence le licenciement de plusieurs centaines de collègues non titulaires.
Lutter contre l’échec scolaire ?
Selon le Haut Conseil de l’Education, 15% quittent l’enseignement primaire en situation d’échec lourd.
En clair 85% des élèves auront 24 heures de cours reparties sur 4 jours, et les 15% en échec auront des heures supplémentaires pour mieux réussir scolairement.
On notera au passage que tous les beaux discours à propos du rythme des écoliers passent aux oubliettes !
Cette logique d’ heures sup. se retrouve aussi dans la proposition de stages pendant les vacances en CM1 et CM2
On retrouve également ces heures supplémentaires pour les élèves en difficulté, dans la logique des Projets de Réussite Educative (PRE) que l’Etat « négocie », moyennant subventions, avec les municipalités.
Ces enfants ont parfois un rapport difficile à l’école (Il suffit de les voir à l’étude), parfois d’autres heures sup. (Orthophoniste, Psy …). Ces enfants ont une vie sociale et parfois sportive et/ou culturelle en dehors de l’école.
Est-ce une bonne idée de rajouter des heures à des enfants qui en ont déjà souvent soupé de l’école ?
Pour SUD la lutte contre l’échec scolaire doit se mettre en œuvre pendant les heures de classes. Pour cela la baisse des effectifs dans les classes, la présence de RASED complets, d’heures de concertation hebdomadaires sont des solutions autrement porteuses de lutte contre l’échec scolaire. Ce ne sont pas la suppression de 80 000 postes en 4 ans qui vont donner à l’école publique les moyens de cette lutte.
Le temps de l’enfant doit être repensé tant à l’école qu’après la classe. Plutôt que des devoirs, des heures de soutien, ce sont des activités éducatives, culturelles, sportives gratuites, encadrées par des professionnels titulaires et qualifiés qu’il faudrait mettre en place (avec les subventions d’ores et déjà prévues pour les PRE par exemple). Dans la continuité du socle commun, il y a derrière la volonté de remettre à plat les programmes scolaires, l’idée de réduire le rôle de l’école à une transmission des savoirs fondamentaux.
Quelles sont ces sollicitations qui empiètent sur le temps des apprentissages fondamentaux ? Ces sollicitations, ayant un « intérêt éducatif global », ne sont-elles pas des démarches qui permettent parfois de construire du sens pour les apprentissages fondamentaux.
La carte scolaire
L’annonce régulière de la suppression de la carte scolaire, de l’autonomie concurrentielle des établissements, du renforcement des prérogatives des chefs d’établissement (en particulier en matière de recrutement de personnels précaires), couplée à une logique de socle commun pour les uns et de programmes pour les autres, annonce un horizon chargé de menaces pour l’Ecole Publique.
La question à creuser est de savoir quelles sont les demandes réelles des familles. Les classes populaires et intermédiaires demandent des établissements « surs, sereins et de bon niveau scolaire » et elles ne contournent la carte scolaire que lorsqu’elles ont le sentiment que l’établissement est victime de ghettoïsation. Ce n’est pas la répartition des moyens annoncée par le ministère qui va nous aider à les convaincre de rester dans l’établissement de leur quartier. Ce n’est pas non plus la précarisation généralisée et la diminution des crédits alloués aux associations de quartiers qui vont aider à la mixité sociale.
La mise en concurrence généralisée des individus, des établissements, est une vision idéologique du monde qui met chacun en concurrence avec tous.
Service minimum C’est un projet d’atteinte au droit de grève des professeurs des écoles. Il prévoit aussi l’obligation de se déclarer gréviste à l’avance, ce qui, en l’individualisant, rend plus difficile le choix de faire grève.
Le service minimum dans les écoles obligera forcement un certain nombre de personnes à ne pas faire grève pour assurer l’accueil. Les directeurs se verront-il imposer une nouvelle tâche ?
Enfin, cerise sur le gâteau, les retenues sur salaires des enseignants grévistes serviront à payer les animateurs chargés d’accueillir les enfants « victimes » des grèves.
Faire payer directement par les grévistes un service minimum qui fragilise leur mouvement, ce sera notre « punition » !
D’une part, concernant l’accueil des élèves, l’Etat nous semblerait plus crédible si depuis toujours par exemple, il s’était préoccupé des millions d’heures de cours perdues par les élèves des enseignants absents (congé maladie, formation ou réunions diverses), en assurant le remplacement de ces enseignants. On ne compte plus les cas depuis la rentrée où les équipes enseignantes débordées par les congés non remplacés, ont dû avoir recours aux familles pour qu’elles gardent leur enfant. Cela n’a jamais fait l’objet d’une quelconque réflexion ou d’un quelconque dispositif institutionnel. Au contraire même, avec la suppression engagée de dizaines de milliers de postes, ce problème se trouvera encore aiguisé puisque le nombre d’élèves du premier degré augmente (croissance de la population et de la natalité).
D’autre part, s’il s’agit vraiment d’assurer un accueil d’élèves dont la famille se trouverait sans mode de garde, pourquoi l’Etat ne se préoccupe-t-il pas des centaines de milliers d’enfants de moins de 3 ans (voire dans certaines écoles du département maintenant d’enfants de 4 ans) qui ne sont plus acceptés à l’école maternelle, et dont les parents sont désemparés au quotidien et non très occasionnellement, face à leurs obligations professionnelles. Les mettant de fait face à un dilemme cruel perdre des ressources et de l’ancienneté professionnelle ou constamment jongler avec des modes de gardes trop souvent aléatoires et précaires.
Base Elèves
Partout où les parents ont connaissance de ce fichage des leurs enfants, c’est une réprobation quasiment unanime qui s’exprime. Nous soutenons les collègues qui résistent à la généralisation de ce dispositif expérimental.