Texte d’orientation 1er degré
par

Pignans, 30 mai 2008
Si les attaques envers les écoles ont été moins frontales ces dernières années que pour le second degré et l’enseignement supérieur, il n’en demeure pas moins que l’accumulation de mesures diverses en font un secteur qui aura été lourdement touché, voire pionnier sur certains points (heures supplémentaires durant les vacances) et qui risque d’être fortement visés dans les prochains mois.
Parmi les projets qui attendent les écoles et les enseignants du 1er degré, nombreux sont ceux qui concernent directement leurs collectivités territoriales de rattachement, les mairies. Comme la carte scolaire a été repoussée après les élections municipales pour ne pas gêner certains maires, on peut s’attendre à ce que les autres mesures ne soient désormais plus repoussées, et en premier lieu la plus importante d’entre elles : la mise en place des Etablissements Publics d’Enseignement Primaire (EPEP).
Plusieurs fois déjà la question des EPEP a été abordée au niveau ministériel, mise à l’ordre du jour d’un Comité Technique Paritaire Ministériel en janvier 2007. La voie est désormais ouverte à leur mise en place, le décret d’application peut être publié à tout moment. Seule la mobilisation du plus grand nombre de personnes pourra empêcher la mise en place des EPEP qui sont une véritable décentralisation des écoles avec toutes les conséquences induites par les textes et que nous avons déjà maintes fois dénoncées : création d’un super directeur, véritable supérieur hiérarchique sous la coupe d’un conseil d’administration présidé par les maires, mise en place d’une gestion locale des crédits des écoles et des enseignants, ces derniers pouvant être recrutés par le super directeur en fonction d’un « profil » pédagogique.
Le 1er degré aura été cette année, dans notre département, relativement épargné par les suppressions massives de postes, même s’il y a une vingtaine de fermetures de classes prévues à la rentrée 2008. Les effectifs des classes sont donc déjà souvent bien chargés, mais il est impensable que notre département soit épargné dans le cadre du plan social de 80000 suppressions de postes programmé sur 5 ans.
Les enseignants spécialisés sont et seront les premières victimes de ces suppressions de postes dictées par le plan de rigueur gouvernemental et la politique de gestion financière actuelle (LOLF).
Le RASED est déjà fortement visé et menacé par la suppression du samedi matin. En supprimant 2h de cours à l’ensemble des élèves, en prévoyant de faire assurer ces 2h aux seuls élèves en difficulté par l’ensemble des enseignants, les enseignants des secteurs spécialisés verront leur rôle de plus en plus réduit, jusqu’à être rendu « inutile » aux yeux des « managers » de l’administration.
Le soutien aux élèves de CM1-CM2 mis en place durant les vacances scolaires fait aussi partie de ce processus de suppressions du RASED. Mais bien plus encore, il fait partie d’une politique générale qui vise à terme à augmenter le temps de travail des enseignants, au prétexte d’augmenter le pouvoir d’achat des enseignants volontaires (pour combien de temps le seront ils ?). Peut on réellement croire que la seule volonté du gouvernement est de venir en aide aux élèves en difficulté avec 15 heures de soutien (5 x 3 heures) ? S’il suffisait de 15 heures d’enseignement pour régler les problèmes de l’échec scolaire nous le saurions depuis longtemps.
La pseudo-consultation sur les nouveaux programmes, déjà intégrés par les éditeurs de manuels scolaires dans leurs ouvrages de l’année scolaire 2008-2009, aura été une nouvelle fois l’occasion pour le ministère de se moquer ouvertement des enseignants. Qui pouvait croire qu’il tiendrait compte des remarques formulées par les enseignants ?
Ces nouveaux programmes sont incohérents : ils ne sont pas une évolution concertée des anciens, mais un revirement autoritaire complet. Ces nouveaux programmes sont en contradiction avec les recherches en pédagogie et en didactique des disciplines : les réactions d’éminents chercheurs sont très nombreuses. Ces nouveaux programmes sont inapplicables en raison de l’incompatibilité entre les contenus et les volumes horaires prescrits : contenus alourdis et volumes horaires inchangés en Maîtrise de la langue et Mathématiques, contenus inchangés et volumes horaires diminués en Sciences et en Histoire-Géographie. Ces nouveaux programmes effacent des anciens programmes -jamais évalués- vieux de un an (2007) et 6 ans (2002). Ces derniers avaient -eux- fait l’objet d’une réelle concertation.Ces programmes ne permettront pas à nos élèves de se construire en tant que citoyens éclairés.
La mise ne place de Base élèves va se poursuivre puisqu’il est prévu son utilisation dans toutes les écoles du Var dès la rentrée scolaire 2008-2009. SUD Education Var continuera à dénoncer ce système de fichage des élèves. Ce système qui n’apporte rien en terme pédagogique n’est qu’un instrument pour mettre en place une base de données des élèves de la maternelle à l’université en parallèle à la mise en place de la loi dite de « prévention de la délinquance ». En plus des dérives envisageable quand à l’utilisation de ce système, notamment dans l’éventualité de la mise en place des EPEP, on peut craindre que ce sera également une augmentation de la charge de travail des directeurs d’écoles auxquels il sera demandé de maintenir la base de donnée à jour, lorsqu’il ne s’agira pas de renseigner de nouveaux champs.
SUD Education Var s’opposera :
à la mise en place des EPEP
à la suppression du RASED
à la poursuite des stages de remise à niveau pour les CM1-CM2, voire à l’extension de ce dispositif aux autres niveaux
à la poursuite de la mise en place de Base élèves
à la mise en place du service minimum et plus généralement à toute atteinte au droit de grève
SUD Education revendique :
la création de postes en nombre suffisant pour assurer un enseignement de qualité
le maintien de l’école maternelle dans le service public d’Education nationale
la restitution et le renforcement des moyens du RASED
la réduction du temps de travail des enseignants sans réduction des heures d’enseignement dispensées aux élèves, c’est à dire qu’il faut plus d’enseignants qu’il y a de classe
la titularisation immédiate sans condition de concours des personnels de statut précaire
augmentation de 300 euros pour tous en lieu et place de la logique du « travailler plus pour gagner plus »
Adopté à l’unanimité