Lycée : une réforme faussement "allégée" et dangereuse
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A ceux qui prétendaient que la réforme des lycées était enterrée, Sarkozy a répondu. Point par point elle est là, passée à la sauce Descoings dans un discours semble-t-il apaisé. Cette fois ce n’est plus la seule seconde qui est visée, mais tout le lycée.
En effet :
La modularité des enseignements revient sans le dire car comment faire autrement si l’on veut être capable sérieusement de réorienter des élèves en milieu d’année ?
La baisse des volumes horaires en seconde refait surface, de par la mise en place de 2 heures d’accompagnement individualisé. Quelles matières verront leurs horaires réduits ?
La diffusion des livrets de compétences qui laissent croire que tout apprentissage est quantifiable et rationnel, et qui oeuvrent à conformer les profils des élèves en imposant des domaines qui n’ont rien a voir avec la formation (“l’engagement associatif, sportif ou culturel”).
L’autonomie des établissements est souhaitée pour pousser plus en avant la décentralisation ce qui ne peut que contribuer à assurer la concurrence entre les établissements.
Le lycée devient une plateforme de gestion de stages en relation avec l’entreprise ce qui est contradictoire avec le fait que le lycée doit préparer l’accès au supérieur.
“L’orientation active” voit la disparition de fait des travailleurs spécialisés dans ce domaine (les COP) et fixe des missions aux enseignants qui n’ont rien à voir avec leur formation ni avec le choix d’entrer dans la carrière (et encore moins avec le respect des statuts).
Comment comprendre que cela peut se faire à moyens constants alors que le président parle de l’arrivée de nouvelles matières (dans la section littéraire, notamment), alors que les séries STI doivent être revalorisées ? Faut-il voir ici une nouvelle attaque contre la série ES qui depuis un certain temps déjà fait l’objet de toutes les critiques de la présidence de la république ?
Une annualisation à marche forcée dans laquelle les personnels (surtout ceux qui tomberaient en sous service) n’auront certainement pas leur mot à dire : c’est cela que traduit la généralisation des cours de remise à niveau, le soir ou pendant les vacances. Evolution qui ne se fera pas non plus sans bouleverser les services des TOS.
Derrière tout cela se profile pour les enseignants un renforcement de la précarité, d’une flexibilité toujours plus forte des fonctions et du travail. L’autonomie des établissements sera là pour l’imposer, comme le font d’ailleurs dès aujourd’hui certains chefs d’établissement qui obligent des collègues à compléter leurs services avec des heures annexes (services qui ne sont réglementés que par des maxima).
Au-delà des mesures symboliques, démagogiques et publicitaires qui cachent la misère et détournent des vrais problèmes auxquels l’Education nationale doit s’affronter, les volontés affichées sont loin de redonner une ambition réelle et le dessein serein dont a besoin le lycée. Aujourd’hui le ministre de l’Education a lancé un nouveau cycle de négociations pour “peaufiner le projet présidentiel » . Nous refusons cette réforme régressive, nous refusons de la négocier. Nous appelons à la combattre.